Séminaire du 17 nov. 2018 (1ère partie), rue des Grands champs à Paris.
Exposé de Florian Houssais
Quelques éléments pour une pratique artistique indifférenciée
Florian Houssais revient sur la pratique des dîners et des séjours qu’il mène avec Manuel Houssais (et qu’ils ont initiée avec Freddy Guedot) depuis une dizaine d’années. Ce retour sur cet aspect de leur pratique vient alimenter un questionnement plus large sur l’héritage des pratiques conceptuelles des années 60 dans les pratiques contemporaines.
DÉTAIL DE LA SÉANCE
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Le point de départ de cette séance sera le suivant : les pratiques dites informelles, indifférenciées, indiscernables, sans œuvre, etc, se sont constituées dans le courant du XXe siècle en partie contre l’objet d’art, dans un imaginaire de l’antiforme qui privilégie l’attitude, le geste. Une fois passée la dimension exploratoire et l’attrait de la nouveauté de ces propositions / œuvres / pratiques, que faisons-nous de cet héritage ? Comment reprenons-nous aujourd’hui à notre compte, ces questionnements ?
A/ On retiendra de ces pratiques :
– L’idée qu’un artiste puisse ne pas fabriquer d’objet d’art.
– L’idée qu’un artiste puisse avoir une pratique discrète, silencieuse, inframince pour reprendre une expression consacrée.
– L’idée qu’on puisse consacrer son attention sur des attitudes et des gestes, bref, sur des actions, des situations, sur le cours des choses.
B/ On ne retiendra pas de ces pratiques :
– L’idée que l’œuvre se réduise à un artefact.
– Le rapport (faussement) frontal avec les autres acteurs du champ de l’art et de la création.
– L’idée qu’un artiste sans œuvre, ou qu’une pratique immatérielle, soit réellement possible.
– L’idée que postuler « c’est de l’art » suffise à faire une œuvre.
C/ On proposera :
– D’imaginer l’art avec comme point de pivot l’activité de création, plutôt que l’œuvre d’art, sans pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. On peut centrer le dispositif autour de l’activité de création, sans pour autant dénier et donc évacuer la question des objets et artefacts présents, produits, montrés et de leurs valeurs.
– De reconnaître, d’accepter et de développer l’idée que les lieux qui montrent l’art sont, au sens fort du terme, des lieux de production, dont les auteurs ne sont pas seulement et nécessairement les artistes (exemple : montrer des performances dont la documentation a été commandée ou produite par le musée ou par un acteur autre que l’artiste réalisant la performance. cf le cas du documentaire, cf le cas des écrits sur un artiste ou son activité, cf le cas d’une visite guidée)
– De fait, d’imaginer des modes de sortie, autrement dit des expositions, où sont assumées un dialogisme, une polyphonie, au sens fort du terme.
– Comme il y a une technique (la négligence en est aussi une) de la peinture ou de la photographie, il y a aussi une technique des pratiques informelles, qu’elle soit explicite ou non aux yeux des artistes.
Ensuite on prendra comme exemple ce workshop dans la montagne, ce séminaire et nos pratiques des séjours et des dîners et on les discutera au regard des propositions énoncées ci-dessus.
REFERENCES & CORRELATS
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Glicenstein Jérôme, L’art : une histoire d’expositions, 2009, PUF
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