Cette vidéo est en quelque sorte une version oralisée et filmique du texte éponyme écrit par Bastien Massé. Pendant une vingtaine de minutes, le philosophe résume son texte dans un montage qui mêle le moment de l’énonciation (Bastien Massé en train de parler), des plans de la ville de Richelieu et divers tableaux et objets de la période du mercantilisme (issues des collections du Louvre), qui mettent en scène des non-humains. La ville de Richelieu, construite sous les ordres du cardinal de Richelieu, étant un témoignage important du mercantilisme français ; tandis que les non-humains occupent une place centrale dans la pensée de l’investissement développée par Bastien Massé.
Ce travaille documentaire s’inscrit dans une réflexion plus large, autour de l’exposition de l’activité de création et de la forme des savoirs, initié dans le cadre du centre d’art le Passager. Travail philosophique au format vidéo, il cohabite dans cet imaginaire de l’essai cinématographique.
Après avoir mis l’accent, dans “De la tête à l’épaule”, sur la réflexivité par le discours et le commentaire produit a posteriori ; nous nous sommes concentrés ici sur la forme du discours philosophique et son passage d’un univers essentiellement textuel et/ou oral, à une forme cinématographique.
POUR EN SAVOIR PLUS
Le texte de Bastien Massé (qui a servi de base à ce documentaire) sera bientôt disponible en ligne et édité dans le catalogue de l’exposition Les écotones. Le musée des petits oiseaux (courant 2024).
Les écotones, le musée des petits oiseaux (exposition) – Rurart, Rouillé – du 26 mai au 04 juillet 2021
commissariat le collège des oiseaux, Florian Houssais et Hannah Brun
Artistes, chercheurs et projets présentés : Antoni Abad, Frédérique Aït-Touati, Jean Amado, Jean-Luc André, Benjamin Arnault, Maxime Aumon, Aurélien Bambagioni, Louis Bec, Victor Burgin, Cairn, Marion Delarue, Marc Deneyer, Programme EMA, ENDA, Gallica, Paul-Armand Gette, Gérard Hauray, Florian Houssais et Camille Riverti, Manuel Houssais, Monique Hervo, Bastien Massé, Hugues Micol, Xavier Lambours, Rainier Lericolais, Olats, Ubuweb, Paul Valéry, Marc Vaux
avec le soutien et la participation du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, de la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, de la région Nouvelle-Aquitaine, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, du département de la Vienne, de Grand Poitiers, de la commune de Rouillé, du réseau ASTRE, du passager, de la RMN, de la Contemporaine, du FRAC Poitou-Charentes, du FRAC-artothèque Nouvelle-Aquitaine et du FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA.
Les textes, vidéos, sites internet exposés et des photos de l’exposition seront bientôt archivés et disponibles à la consultation.
Le centre d’art comme lieu de travail ou comme lieu de contemplation ?
Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition collective proposée par Florian Houssais, accompagné de son équipe (Hannah Brun et le Collège des oiseaux). Cette exposition est ce qu’on appelle une exposition d’artiste, c’est-à-dire une exposition où un artiste prend la place de commissaire d’exposition ou de conservateur de musée pour interroger les façons d’exposer. Le travail de Florian Houssais et son équipe, qui prend ses sources dans la critique institutionnelle de l’art, est en creux une critique de l’exposition, sous forme de proposition muséographique.
Habituellement, les expositions collectives sont construites et présentées autour d’un thème central, qui constitue le fil conducteur permettant de « relier » les œuvres entre elles. Elles sont également construites selon un certain nombre de conventions muséographiques et discursives.
Pour Les écotones, les commissaires ont voulu remettre en question ces conventions d’exposition, en expérimentant d’autres manières de sélectionner et de montrer les œuvres et autres artefacts, en proposant un autre usage du centre d’art, en montrant des choses qui ne sont pas souvent montrées et en l’expliquant dans un discours sous certains abords inhabituel. La « structure » de l’exposition (la muséographie) est donc autant le sujet de l’exposition que son « contenu » (la sélection). On peut dire que, dans sa conception et son fonctionnement, Les écotones est en quelque sorte un prototype d’exposition.
Les écotones, le musée des petits oiseaux, est une exposition qui peut dérouter, d’abord parce qu’elle n’a pas de thème central qui viendrait relier les œuvres entres elles. On pourrait dire qu’elle est athématique. On verra apparaître des motifs récurrents, mais rien qui puisse constituer un fil conducteur ou une porte d’entrée sur l’exposition. Pour Florian Houssais et son équipe, construire une exposition autour d’un thème est avant tout une manière de classer (de manière souvent simpliste) et de légitimer la sélection d’œuvres.
De cette exposition, on peut retenir quatre aspects majeurs liés aux choix muséographiques et à la sélection :
La mise en place d’une salle d’étude, où il est possible d’accéder à une sélection de pièces et de documents un à un, pour une expérience des œuvres plus intimiste et soutenue, un peu comme dans une bibliothèque.
La mise en place d’un mur de ré-accrochage, où les usagers peuvent, au cours de séance de travail, individuelle ou collective, proposer et mettre en place un nouvel accrochage.
La sélection, où on trouvera des objets et des phénomènes qui ne sont pas forcément artistiques, des auteurs qui ne sont pas toujours des artistes, des pratiques artistiques qui s’inscrivent dans plusieurs mondes de l’art, et des phénomènes scientifiques.
Au sein de la sélection, un focus est fait sur le travail de Louis Bec, artiste, poète et théoricien méconnu du grand public, qui a travaillé toute sa vie à développer une épistémologie fabulatoire, au sein de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste qu’il dirigeait.
Pour résumer, Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition qui interrogent les conventions muséographiques : des principes d’accrochage, à la manière de sélectionner les œuvres, en passant par les raisons pour lesquelles les visiteurs vont voir une exposition.