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Exposition

Les écotones, le musée des petits oiseaux

Les écotones, le musée des petits oiseaux (exposition) – Rurart, Rouillé – du 26 mai au 04 juillet 2021

commissariat le collège des oiseaux, Florian Houssais et Hannah Brun


Artistes, chercheurs et projets présentés :
Antoni Abad, Frédérique Aït-Touati, Jean Amado, Jean-Luc André, Benjamin Arnault, Maxime Aumon, Aurélien Bambagioni, Louis Bec, Victor Burgin, Cairn, Marion Delarue, Marc Deneyer, Programme EMA, ENDA, Gallica, Paul-Armand Gette, Gérard Hauray, Florian Houssais et Camille Riverti, Manuel Houssais, Monique Hervo, Bastien Massé, Hugues Micol, Xavier Lambours, Rainier Lericolais, Olats, Ubuweb, Paul Valéry, Marc Vaux


avec le soutien et la participation du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, de la préfète de la région Nouvelle-Aquitaine, de la région Nouvelle-Aquitaine, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, du département de la Vienne, de Grand Poitiers, de la commune de Rouillé, du réseau ASTRE, du passager, de la RMN, de la Contemporaine, du FRAC Poitou-Charentes, du FRAC-artothèque Nouvelle-Aquitaine et du FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA.


Les textes, vidéos, sites internet exposés et des photos de l’exposition seront bientôt archivés et disponibles à la consultation.


Le centre d’art comme lieu de travail ou comme lieu de contemplation ?

Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition collective proposée par Florian Houssais, accompagné de son équipe (Hannah Brun et le Collège des oiseaux). Cette exposition est ce qu’on appelle une exposition d’artiste, c’est-à-dire une exposition où un artiste prend la place de commissaire d’exposition ou de conservateur de musée pour interroger les façons d’exposer. Le travail de Florian Houssais et son équipe, qui prend ses sources dans la critique institutionnelle de l’art, est en creux une critique de l’exposition, sous forme de proposition muséographique.

Habituellement, les expositions collectives sont construites et présentées autour d’un thème central, qui constitue le fil conducteur permettant de « relier » les œuvres entre elles. Elles sont également construites selon un certain nombre de conventions muséographiques et discursives.

Pour Les écotones, les commissaires ont voulu remettre en question ces conventions d’exposition, en expérimentant d’autres manières de sélectionner et de montrer les œuvres et autres artefacts, en proposant un autre usage du centre d’art, en montrant des choses qui ne sont pas souvent montrées et en l’expliquant dans un discours sous certains abords inhabituel. La « structure » de l’exposition (la muséographie) est donc autant le sujet de l’exposition que son « contenu » (la sélection). On peut dire que, dans sa conception et son fonctionnement, Les écotones est en quelque sorte un prototype d’exposition.

Les écotones, le musée des petits oiseaux, est une exposition qui peut dérouter, d’abord parce qu’elle n’a pas de thème central qui viendrait relier les œuvres entres elles. On pourrait dire qu’elle est athématique. On verra apparaître des motifs récurrents, mais rien qui puisse constituer un fil conducteur ou une porte d’entrée sur l’exposition. Pour Florian Houssais et son équipe, construire une exposition autour d’un thème est avant tout une manière de classer (de manière souvent simpliste) et de légitimer la sélection d’œuvres.

De cette exposition, on peut retenir quatre aspects majeurs liés aux choix muséographiques et à la sélection :

La mise en place d’une salle d’étude, où il est possible d’accéder à une sélection de pièces et de documents un à un, pour une expérience des œuvres plus intimiste et soutenue, un peu comme dans une bibliothèque.

La mise en place d’un mur de ré-accrochage, où les usagers peuvent, au cours de séance de travail, individuelle ou collective, proposer et mettre en place un nouvel accrochage.

La sélection, où on trouvera des objets et des phénomènes qui ne sont pas forcément artistiques, des auteurs qui ne sont pas toujours des artistes, des pratiques artistiques qui s’inscrivent dans plusieurs mondes de l’art, et des phénomènes scientifiques.

Au sein de la sélection, un focus est fait sur le travail de Louis Bec, artiste, poète et théoricien méconnu du grand public, qui a travaillé toute sa vie à développer une épistémologie fabulatoire, au sein de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste qu’il dirigeait.

Pour résumer, Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition qui interrogent les conventions muséographiques : des principes d’accrochage, à la manière de sélectionner les œuvres, en passant par les raisons pour lesquelles les visiteurs vont voir une exposition.


POUR EN SAVOIR PLUS

à venir



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Atelier des doctorants

Critique institutionnelle de l’art et physionomie des phénomènes scientifiques

Cette vidéo est une présentation, suivi d’une discussion sur des questions de méthodologie liées à mon projet de thèse. La scène se situe pendant l’atelier des doctorants du LIAS-IMM, dans les locaux de l’EHESS. Je reviens sur la difficulté de développer un projet qui soit à la fois artistique et scientifique, sans que ces deux visées ne se superposent.
La question que je pose est : comment penser l’exposition, ou le fait d’exposer, autrement ?

J’y insiste plus particulièrement sur deux points : (i) l’héritage de mon projet vis à vis de la critique institutionnelle de l’art à travers ma pratique et les projets que j’ai mené et auquel j’ai participé jusqu’ici, donc l’ancrage explicitement artistique du projet, (ii) la spécificité de la méthodologie qui consiste en l’invention de dispositifs matériels, ainsi que d’une rhétorique de l’exposition du savoir scientifique (exposition au sens de mode de donation des formes), et l’ancrage épistémologique que ça induit.

L’objectif n’était pas d’entrer dans les détails, mais plutôt de donner un premier aperçu de l’horizon de ce projet de connaissance qui se veut à la fois scientifique et artistique, et puis de toute façon mon avancement ne m’a pas permis, pour l’instant, d’aller beaucoup plus loin.

Pour faciliter la compréhension, il peut être utile d’avoir en tête, ne serait-ce que le résumé de mon projet de thèse, qui peut donner une idée de l’imaginaire dans lequel je m’inscris :

La thématique art(s) / sciences est un sujet fréquemment convoqué par les acteurs des mondes de l’art comme des mondes des sciences. En partant de l’ethnographie de trois lieux de savoir scientifique, à savoir le Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergie à Jussieu, la bibliothèque-archives-musée des mondes contemporain La contemporaine à Nanterre, et un laboratoire d’archéologie, on s’intéressera aux activités de création et aux phénomènes artistiques à l’œuvre dans ces établissements, en particulier concernant la question de l’exposition et des modes d’apparaître du travail scientifique.
Le second volet est de type expérimental. À partir des données de l’enquête, on mettra en place un observatoire pensé comme une forme nouvelle de lieu de savoir, sorte d’observatoire de la création scientifique et artistique. On se situera dans l’héritage du Projet zéro de Nelson Goodman (1968), et des travaux de Bourdieu (1994) et Becker (2009-2010) — pour l’imaginaire scientifique — ainsi que des approches d’Hans Haacke, du collectif d’art sociologique (Fischer, Forest, Thénot, 1974), du Projet Atol (Marko Peljhan, 1992) — pour l’imaginaire artistique.