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Partir des lectures-performances du Projet Zéro de Nelson Goodman

Atelier des doctorants du LIAS (IMM-EHESS)
mardi 20 novembre 2018, vers 19h, 105 bd Raspail
Exposé de Florian Houssais

Cet exposé est la suite de l’atelier du 9 avril 2018 (Critique institutionnelle de l’art et physionomie des phénomènes scientifiques), sur l’avancement de la thèse de Florian Houssais. Il y aborde ses doutes quant à la possibilité de transposer les Lectures-performances du Projet Zéro, du champ artistique au champ scientifique.


SYNOPSIS :

Dans ma précédente intervention à l’atelier, en avril dernier, je me suis attaché à inscrire ma pratique artistique et mon travail scientifique sur l’exposition, dans le champ de la critique institutionnelle de l’art. Ce double travail (artistique et scientifique), qui classiquement prend et prendra la forme d’exposés scientifiques, textes, articles et autres travaux scripturaires typiquement universitaires, prend également la forme d’un centre d’art mobile (Le passager). Une de ses premières activités est de proposer des séminaires sur la question de l’exposition de l’activité de création.

On démarrera notre réflexion à partir du Projet Zéro de Nelson Goodman. Le Projet Zéro est un programme de recherche initié en 1968 à Harvard dont la finalité est le progrès des arts à travers une meilleure éducation des artistes, des publics et de l’administration (Goodman). Ce programme s’est construit à partir des principes théoriques développés dans Langages de l’art (Goodman). Aujourd’hui, le programme existe toujours et s’est étendu hors de la question strictement artistique. En ce qui nous concerne, on s’intéressera aux quatre premières années du PZ, les quatre durant lesquelles Goodman l’a dirigé.

On s’intéressera en particulier à la pratique des Lectures-performances. Ce sont des présentations publiques conduites par des artistes professionnels, en collaboration avec l’équipe de recherche dont l’objectif était de fournir des éclaircissements sur les moyens que mobilise un artiste lorsqu’il produit une œuvre d’art.

En partant de ce protocole et des résultats de ces expériences, on transposera ces Lectures-performances dans le champ de la recherche académique pour s’intéresser aux moyens que mobilise un chercheur quand il produit un artefact – un exposé, un article – spécifique à son champ d’activité.


REFERENCES & CORRELATS :

Goodman Nelson, Langages de l’art : Une approche de la théorie des symboles, tr. fr. J. Morizot, Paris, Hachette, 2005
Goodman Nelson, L’Art en théorie et en action, tr. fr. J.-P. Cometti et R. Pouivet, Paris, Gallimard, 2009.
Bensa Alban & Pouillon François (dir), Terrains d’écrivains. Littérature et ethnographie, Toulouse, Éd. Anacharsis, 2012, 405 p.
Ghasarian Christian (dir), De l’ethnographie à l’anthropologie réflexive, Nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux, Malesherbes, France : Armand Colin, 2002.
Geertz Clifford, Bali : interprétation d’une culture, 1973 – le combat de coqs
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Harvard – Project Zero

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Critique institutionnelle de l’art et physionomie des phénomènes scientifiques

Cette vidéo est une présentation, suivi d’une discussion sur des questions de méthodologie liées à mon projet de thèse. La scène se situe pendant l’atelier des doctorants du LIAS-IMM, dans les locaux de l’EHESS. Je reviens sur la difficulté de développer un projet qui soit à la fois artistique et scientifique, sans que ces deux visées ne se superposent.
La question que je pose est : comment penser l’exposition, ou le fait d’exposer, autrement ?

J’y insiste plus particulièrement sur deux points : (i) l’héritage de mon projet vis à vis de la critique institutionnelle de l’art à travers ma pratique et les projets que j’ai mené et auquel j’ai participé jusqu’ici, donc l’ancrage explicitement artistique du projet, (ii) la spécificité de la méthodologie qui consiste en l’invention de dispositifs matériels, ainsi que d’une rhétorique de l’exposition du savoir scientifique (exposition au sens de mode de donation des formes), et l’ancrage épistémologique que ça induit.

L’objectif n’était pas d’entrer dans les détails, mais plutôt de donner un premier aperçu de l’horizon de ce projet de connaissance qui se veut à la fois scientifique et artistique, et puis de toute façon mon avancement ne m’a pas permis, pour l’instant, d’aller beaucoup plus loin.

Pour faciliter la compréhension, il peut être utile d’avoir en tête, ne serait-ce que le résumé de mon projet de thèse, qui peut donner une idée de l’imaginaire dans lequel je m’inscris :

La thématique art(s) / sciences est un sujet fréquemment convoqué par les acteurs des mondes de l’art comme des mondes des sciences. En partant de l’ethnographie de trois lieux de savoir scientifique, à savoir le Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergie à Jussieu, la bibliothèque-archives-musée des mondes contemporain La contemporaine à Nanterre, et un laboratoire d’archéologie, on s’intéressera aux activités de création et aux phénomènes artistiques à l’œuvre dans ces établissements, en particulier concernant la question de l’exposition et des modes d’apparaître du travail scientifique.
Le second volet est de type expérimental. À partir des données de l’enquête, on mettra en place un observatoire pensé comme une forme nouvelle de lieu de savoir, sorte d’observatoire de la création scientifique et artistique. On se situera dans l’héritage du Projet zéro de Nelson Goodman (1968), et des travaux de Bourdieu (1994) et Becker (2009-2010) — pour l’imaginaire scientifique — ainsi que des approches d’Hans Haacke, du collectif d’art sociologique (Fischer, Forest, Thénot, 1974), du Projet Atol (Marko Peljhan, 1992) — pour l’imaginaire artistique.